Ulvi Cemal Erkin fait partie du cadre pionnier de compositeurs de musique polyphonique turque, (plus tard baptisés "Les Cinq Turcs") nés dans la période 1904 – 1910. Ils établirent la voie dans laquelle la musique contemporaine turque devait progresser. 
Dès sa jeune enfance, son aptitude pour la musique attira l’attention de sa mère, qui jouait du piano. Il perdit son père, un haut fonctionnaire de l’administration Ottomane, à l’âge  de sept ans. Sa mère se trouva dans l’obligation de s’installer avec ses trois fils auprès de son père, également un haut fonctionnaire ottoman et un intellectuel.

Ulvi Cemal Erkin reçut ses premières leçons de piano du pianiste français Mercenier. Il les continua avec Adinolfi, un professeur de musique très renommé  à Istanbul. 
Tout en poursuivant ses études au lycée de Galatasaray, un établissement dont l’enseignement était en français, Erkin poursuivit ses efforts dans le but de devenir un musicien et mit en valeur toutes occasions qui auraient contribué à atteindre ses aspirations. 
À la suite de la proclamation de la République en Turquie en 1923, de nombreux efforts furent déployés dans le but d’acquérir une identité culturelle. Les efforts visant à moderniser et à développer la musique nationale, qui jusqu’à cette époque avait été confinée à la musique traditionnelle aux formes monophoniques, prirent également place dans ce contexte. Le fondateur de la Turquie moderne, Kemal Atatürk, avait depuis longtemps envisagé de poursuivre une réforme dans ce domaine et il attachait beaucoup d’importance à voir la réalisation de ce projet. Dans ce but, le gouvernement turc instaura des bourses d’étude pour permettre à des jeunes étudiants ayant du talent, de poursuivre leurs études dans des institutions académiques européennes. Ulvi Cemal Erkin avait 19 ans quand il gagna le concours organisé par le Ministère de l’Education Nationale. Avec la bourse qu’il obtint, il fut envoyé à Paris pour étudier la musique.

Erkin entra au Conservatoire de Paris et par la suite à l’Ecole Normale de Musique où il étudia le piano avec Isidor Philippe et la composition avec Nadia Boulanger. Ayant obtenu son diplôme en 1930, il retourne en Turquie, où il est nommé professeur de piano à l’École Normale de Musique d’Ankara, qui devint plus tard le premier Conservatoire de Musique, à la suite de la réorganisation effectuée par Paul Hindemith.

Erkin, qui  composa ses premières œuvres alors qu’il était encore étudiant à Paris, fut très   fécond tout au long de sa carrière, qu’il débuta en 1930, à l’âge de 24 ans, non seulement comme professeur de musique, mais encore selon le cas, soit comme pianiste exécutant un concerto, soit comme accompagnateur, soit comme chef d’orchestre dirigeant ses propres œuvres, ou des opéras. Il dirigea également l’Orchestre des Etudiants du Conservatoire durant ses concerts périodiques et composa la "Sinfonietta", une œuvre destinée à aider les  instrumentistes à maîtriser certaines difficultés rythmiques et modales particulières à la musique turque.

Il épousa le 29 septembre 1932  Ferhunde Remzi, une pianiste diplômée du Conservatoire de Leipzig et sa collègue à l’Ecole de Musique d’Ankara. Elle devint sa muse et la meilleure interprétatrice de ses œuvres. Tous deux partagèrent leur vie entière à dédier leurs efforts à l’encouragement et l’enseignement de jeunes musiciens, avec les maigres ressources dont disposaient à l’époque les institutions, et à multiplier le nombre d’auditeurs de la musique polyphonique à travers l’Anatolie. Grâce à ses qualités authentiques, sa chaleur et sa simplicité  apparente, la musique d’Erkin contribua à soulever l’enthousiasme du public turc pour la musique polyphonique et en conséquence, ses œuvres prirent place parmi celles qui étaient le plus fréquemment exécutées.  Ceci est encore valable de nos jours.

Le pouvoir spirituel de la musique  modale traditionnelle est magistralement reflété, bien que les  quarts-de-tons n’existent pas dans les instruments d’orchestre occidentaux. De plus, le rythme irrégulier de la musique populaire traditionnelle est utilisé d’une façon exquise dans une superbe orchestration et  structure harmonique.

Ses œuvres sont vastement et fréquemment interprétées et diffusées en dehors de la Turquie. Erkin dirigea personnellement ses compostions avec des orchestres tels que la Philharmonie Tchèque, l’Orchestre Colonne, à la Foire de Bruxelles et l’Orchestre Symphonique de Radio Paris.

Depuis la fin de sa quarantaine, le cœur d’Ulvi Cemal Erkin commençait à donner des signes de défaillance. Il succomba à la suite d’une crise cardiaque le 15 septembre 1972 à l’âge de 65 ans.

Le gouvernement turc lui a conféré le titre "d’Artiste d’Etat". Erkin a également obtenu l’Ordre de Chevalier et d’Officier de la Légion d’honneur du gouvernement français.

Pour un supplément d’information concernant sa musique et les enregistrements etc. vous pouvez contacter sa fille par e-mail à l’adresse suivante: icten-erkin@hotmail.com.